Movember #3: L’homme qui ne montrait pas ses sentiments

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Movember #3: L’homme qui ne montrait pas ses sentiments

Par Thibault Gilgen

Troisième épisode de notre série consacrée aux problématiques de santé masculines aujourd’hui. Dans le cadre de la campagne Movember, Stop Suicide tente chaque semaine de comprendre pourquoi les hommes se suicident plus que les femmes. Derrière sa carapace de virilité, l’homme semble plus fragile qu’il n’y paraît. Vérification faites sur la base d’un tableau célèbre: L’expulsion du jardin d’Eden, de Masaccio.

Nous avions abordé la semaine dernière les difficultés de l’homme à prendre sa place aux côtés de la femme moderne. De plus en plus bousculé par le rôle changeant de cette dernière au sein de la famille et de la société, l’homme ne peut plus uniquement remplir son rôle de “sexe fort” en se cachant derrière une certaine force, en s’inscrivant dans un carcan de virilité voulu par la société. L’homme ne sait parfois plus où se mettre et cela peut conduire au pire. Pourquoi alors ne pas en parler, ne pas s’ouvrir et oser briser le tabou sur certains problèmes typiquement masculins au même titre que les femmes n’hésitent parfois pas à s’engager pour une cause commune ? Plus facile à dire qu’à faire, tant le déballage des sentiments semble être quelque chose que le masculin repousse.

Réalisé entre 1424 et 1425, le tableau de Masaccio ci-dessus est à lui seul la représentation des comportements genrés, mis en avant depuis des siècles dans notre société occidentale. Nous y voyons Adam et Ève expulsés du jardin d’Eden après avoir goûté au fruit défendu. Tout deux semblent évidemment affectés par le sort qui leur est réservé. Pourtant ils ne vont pas exprimer leur chagrin de la même façon. Nous observons Ève qui, ne masquant aucunement sa peine, semble pleurer à chaudes larmes. Elle se cache en revanche les parties intimes, comme si elle avait honte de les montrer. Elle met ainsi ses émotions en avant mais démontre toute sa pudeur “corporelle” en cachant son corps. A l’inverse, Adam, lui, ne semble avoir aucun problème à ce que son corps nu soit entièrement visible. Il cache en revanche ses yeux, fenêtre de l’âme, et ne semble pas vouloir exposer son désarroi. Tiens tiens, même à l’origine du monde, l’homme et la femme avaient donc deux moyens opposés de manifester leurs sentiments. Adam est ici plus que jamais dans la posture de l’homme viril, l’homme fort, fier et capable de montrer son corps dans tout ce qu’il a de plus intime. Il est encore plus “homme”, au sens où la société l’entend, lorsque l’on voit qu’il cache ses sentiments et qu’il ne souhaite pas montrer ses larmes. Pour Ève, il est tout à fait normal de montrer ses émotions. Pour Adam cela semble difficile. Sachant que ce tableau représente une scène de l’origine du monde, n’y voit-on pas une certaine explication, ou du moins une certaine logique quant au silence de certains hommes sur leurs souffrances ? La question n’est plus tellement de savoir si oui ou non l’homme qui souffre le fait en silence, mais comment s’y prendre pour le faire parler et l’aider à s’en sortir.

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